La Futuwah (8)

jeudi 10 juin 2021

La Futuwah consiste à comprendre que ton bien véritable n’est pas celui que tu épargnes, mais celui que tu dépenses pour Dieu. Il nous a été rapporté que ‘Aishah – que Dieu soit satisfait d’elle ! – a dit : - Un agneau fut offert à l’Envoyé de Dieu qui en distribua alors la viande. Je lui dis : « Il n’en reste plus que le cou ! ». L’envoyé de Dieu me répondit alors : « Il nous reste tout sauf le cou ».

C’est un acte de Futuwah que de rompre le jeûne pour participer aux joies de ses frères. Il nous a été rapporté d’après Ibn Umar – que Dieu soit satisfait de lui ! – que l’Envoyé de Dieu a dit : - Celui qui visite son frère en Islam et veut rompre le jeûne est en droit de le faire.

La Futuwah est avoir un sens de convivialité et savoir goûter à des relations joyeuses et amicales. Il nous a été rapporté d’après Husayn Ibn Zayd que celui-ci demanda à Ja‘far Ibn Muhammad : - Puissé-je donner une vie pour toi ! Le Prophète ( ) avait-il l’habitude de plaisanter amicalement avec les autres ? Il répondit : - Dieu l’a pourvu d’un caractère d’une extrême noblesse dans la façon même qu’il avait de plaisanter amicalement avec les autres. Dieu a envoyé Ses Prophètes et il y avait en chacun d’eux une certaine contrition. Puis il a envoyé Muhammad dont l’état était celui de la compassion et de la miséricorde. Un signe de compassion pour ceux de sa communauté consistait précisément dans le fait qu’il leur parlait d’une manière aimable et plaisante. Il faisait cela afin qu’ils ne s’éloignent pas de lui, par sentiment de crainte révérencielle. Mon père Muhammad m’a dit que son père ‘Ali avait lui-même appris de son père (Al Husayn) [1] que celui-ci avait entendu l’Envoyé de Dieu dire : « Dieu n’aime pas ceux qui présentent à leurs amis des visages tristes et non-avenants ».

La Futuwah consiste, pour le serviteur de Dieu, à ne pas se considérer lui-même ou considérer ses propres actions comme des choses importantes, pas plus qu’il ne doit avoir en regard le fruit des actions. J’ai entendu Muhammad Ibn Abdullah al Razi [2] dire qu’il fut demandé à Abul al ‘Abbas Ibn ‘Ata [3] quelle était la chose qui attirait le plus la colère de Dieu ? Il répondit : - Le fait d’avoir de la considération pour son propre moi ou pour ses actions et encore plus celui d’avoir en regard des compensations pour les œuvres que l’on accomplit.

(Al Sulami, "Traité de chevalerie spirituelle")


[1Al-Husayn Ibn ‘Ali Abi Talib : petit-fils du Prophète . Mort en martyre à Kerbala en 61/680. Il est considéré par les soufis comme une grande figure de sainteté.

[2Muhammad Ibn Abdullah al Razi (Ibn Shadhan) : soufi itinérant, contemporain de Sulami auquel il transmit de nombreuses paroles de soufis.

[3Abul al ‘Abbas Ibn ‘Ata al Baghdadi à Bagdad. Soufi célèbre, il fut mis à mort en 297/909 à Bagdad pour avoir soutenu Al Hallaj lors de son procès devant le vizir Hamid.

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