La parole « Si le hadith est authentique, il s’agit de mon Madhhab »

L’une des paroles les moins bien comprises de l’imâm al-Shafi’î est sa célèbre phrase : « Lorsque l’authenticité d’un hadith est établie, c’est mon madhhab »

dimanche 7 août 2011

Les Savants de l’Ecole ont expliqué, que ce principe s’adresse aux juristes capables de distinguer les hadiths abrogeant et authentiques des hadiths abrogés et faibles ainsi que de dériver les règles en rassemblant les preuves d’après les principes de la Loi et ceux de la langue Arabe. [1] Al-Nawawî a dit :

Ce qu’a dit l’imâm al-Shafi’î ne signifie pas que quiconque voit un hadith sahih doive dire « C’est le madhhab d’al-Shafi’î ! » , en appliquant simplement le sens littéral ou la signification apparente de cette parole.

Ce qu’il a dit s’applique très certainement uniquement aux personnes qui ont le rang de l’ijtihâd dans le madhhab. Et ceci à condition que la personne soit fermement convaincue que l’imâm al-Shafi’î n’avait pas connaissance soit de l’existence du hadith, soit de son authenticité. Et cela n’est possible qu’après avoir recherché dans tous les livres d’al-Shafi’î et d’autres ouvrages similaires de ses compagnons, ceux qui ont pris de lui leur science et les autres personnes semblables. C’est bien sûr une condition difficile à remplir. Peu sont ceux en qui nous retrouvons ses compétences à notre époque. [2]

Ce que nous avons expliqué comportait des conditions car l’Imâm al Shafi’î a cessé d’agir selon le sens apparent de nombreux hadiths, qu’il considérait [authentiques] et connaissait.

Cependant, il a établi des règles pour critiquer les hadiths ou leur abrogation ou leur circonstance spécifique ou leur interprétation et ainsi de suite. Shaykh Abu ‘Amr [Ibn al Salâh] a dit : « Il n’est pas évident d’agir selon le sens apparent de la parole d’al-Shafi’î. Car il n’est pas permis à tout juriste (faqih) – et encore moins à l’homme du commun (‘âmmi) – d’agir indépendamment selon ce qu’il prend comme preuve provenant d’un hadîth… Ainsi, quiconque parmi les Shafi’ites trouve un hadith qui contredit son Ecole doit examiner s’il est absolument accompli [en terme de compétence] dans toutes les disciplines de l’ijtihâd, ou sur ce sujet en particulier, ou des questions spécifiques. [Si c’est le cas] alors il est en droit de l’appliquer de façon indépendante. Dans le cas contraire, s’il trouve qu’aller à l’encontre du hadîth lui pèse – après avoir recherché et n’avoir trouvé aucune justification pour le faire – alors il devrait l’appliquer si un autre Imâm indépendant (mujtahid) qu’al-Shafi’î l’a appliqué. C’est une bonne raison pour lui de quitter l’avis (madhhab) de son Imâm dans un tel cas." [3]

[1] Voir, en particulier, Ma‘nâ Qawl al-Imâm al-Muttalibî Idhâ Sahha al-Hadîthu Fahuwa Madhhabî par le Shaykh al-Islâm Taqî al-Dîn al-Subkî ; Adab al-Muftî wa al-Mustaftî de Ibn al-Salâh ; et le premier volume d’ al-Majmu‘ d’al-Nawawî.

[2] I.e. à l’époque d’al-Nawawî, a fortiori de nos jours. Parmi ceux qui ont vécu au siècle d’al-Nawawî’s figuraient al-Fakhr al-Râzî, Ibn al-Salâh, al-Mundhirî, Ibn ‘Abd al-Salâm, al-Qurtubî, Ibn al-Munayyir, Ibn al-Qattân, al- Diyâ’ al-Maqdisî, Ibn Qudâma, et Ibn Daqîq al-‘îd !

[3] Al-Nawawî, al-Majmu‘ Sharh al-Muhadhdhab (1:64), citant Ibn al-Salâh’s Fatâwâ wa Masâ’il (1:54, 1:58-59). Cf. al-Tahânawî, I‘lâ’ al-Sunan (2:290-291).

par Sh. Gibril F. Haddad, traduit par Aly Sall

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