APPEL A LA DISSOLUTION DE L’AUTORITE PALESTINIENNE ET AU JUGEMENT DE SES RESPONSABLES

Paris, le 15 février 2010

La guerre menée par Israël contre la population de Gaza l’année dernière a laissé derrière elle plus de 7.000 victimes dont plus de 1.500 tués et plus de 5000 blessés et des dizaines de milliers de sans abris, qui s’ajoutent aux victimes du blocus international, égyptien et israélien, qui tue chaque jour du fait du manque de médicaments, d’hospitalisation et de nourriture.

lundi 15 février 2010

Dans le reste de la Palestine historique, la colonisation israélienne et la chasse à la résistance continuent avec la collaboration des services de sécurité de l’autorité palestinienne. Les responsables de cette "autorité" ont récemment publiquement reconnu que les 16 ans de négociations étaient un échec. Ce qui ne les empêche pas de continuer à négocier, par l’intermédiaire des Etats-Unis.

A l’époque de Yasser Arafat, les Israéliens et les Américains, et d’autres, avaient déclaré qu’il constituait l’obstacle à la paix, car il ne « luttait pas » contre les « terroristes » qui empêchaient le « processus de paix d’aboutir ».

Après l’empoisonnement de Yasser Arafat en 2004, j’avais écrit, le 16 novembre, les lignes suivantes concernant son assassinat : « Au vu des déclarations américaines, israéliennes et autres, il est certain que la mort de Yasser Arafat sert directement les intérêts de ces derniers qui désirent trouver "une direction palestinien prête à négocier", c’est à dire à signer l’acte de capitulation face à l’impérialisme américain et au sionisme de l’Etat d’Israël. Cela révèle que ces derniers n’ont pas renoncé à mettre à genoux le peuple palestinien et le pire est peut être à venir. »

En effet, le pire est venu pour les Palestiniens de Gaza avec la bénédiction des responsables de l’autorité, dont certains sont aussi des responsables de l’OLP. On ne peut oublier les déclarations de Yasser Abed Rabo, secrétaire général du comité exécutif de l’OLP et responsable au sein de l’autorité, qui a affirmé qu’Israël aurait dû « terminer le travail » en écrasant la résistance à Gaza, ni celles de Abou Mazen, selon qui la guerre menée contre Gaza était due aux agissements du Hamas…. S’il est vrai que le Hamas a commis des erreurs, on ne peut lui imputer une telle responsabilité.

Ce qui se passe aujourd’hui se situe dans la continuité de la logique enclenchée par les accords d’Oslo de 1993 qui ont créé l’autorité palestinienne dans l’unique but de mater la résistance palestinienne. Le texte de ces accords stipule que « l’autorité doit empêcher tout acte de violence contre Israël ». Sur cette base, les arrestations des militants par Israël et l’autorité palestinienne n’ont jamais cessé jusqu’à ce jour. L’autorité a ainsi été constituée, et a servi, en tant que force supplétive et collaboratrice de l’occupation.

Aujourd’hui, il faut savoir que le budget de l’autorité est financé principalement par les Etats-Unis et l’Europe, ce qui sert directement à la corruption des responsables de cette autorité et au recrutement et à l’entraînement des forces palestiniennes de sécurité sous la supervision du général américain Dayton qui de fait est le véritable gouverneur de l’autorité palestinienne aidé par des collaborateurs comme Mohamed Dahlan et ses « brigades de la mort ».

L’autorité s’est complètement discréditée depuis l’empoisonnement de Yasser Arafat, par les prises de positions de ses responsables durant et après la guerre contre Gaza, jusqu’à l’approbation dernièrement par Mahmoud Abbas de la construction du MUR par l’Egypte pour renforcer le blocus contre Gaza et la récente participation de Salam Fayadh, le « premier ministre de cette autorité », à la conférence annuelle de Hertzeliya sur la « sécurité nationale israélienne » qui a condamnée la résistance.

Yasser Arafat avait refusé d’être l’homme de la capitulation et c’est pour cela qu’il a été empoisonné. Quand j’avais écrit cela en novembre 2004, Leila Shahid, le Fatah et ses officines en France m’avaient traité de fou furieux, et affirmé qu’il ne fallait pas parler d’empoisonnement de Yasser Arafat. En 2009, après 5 ans de silence sur ce crime classé sans suite, et sans qu’aucune enquête n’ait été diligentée, le 6ème congrès du Fatah s’est tenu avec la permission et sous le contrôle de la puissance d’occupation, ce qui est une honte pour un mouvement qui se prétend un mouvement de libération nationale et déclare du bout des lèvres, que la responsabilité de la mort de Yasser Arafat est imputée à Israël…

Quelle est l’alternative ?

Beaucoup se posent cette question : quelle est l’alternative ? En réponse, il faut partir du vécu du peuple palestinien, qu’il soit à Gaza, en Cisjordanie, dans le reste de la Palestine, en Galilée, ou ailleurs dans le monde. Sur plus de 10 millions de Palestiniens dans le monde, près de la moitié vit l’occupation et l’autre vit l’exil. Le peuple palestinien vit et résiste sur sa terre historique contre cette occupation et continue de revendiquer son droit au retour sur sa terre. Voilà, c’est ça l’alternative, c’est la même qu’il y a 62 ans depuis la Nakba de 1948 : résistance et droit au retour.

Le peuple palestinien paie tous les jours le prix de cette alternative en Palestine occupée ou en exil ainsi que les fautes de ses soit disant dirigeants. Parfois il la paye de son sang comme à Gaza, ou à Naplouse dernièrement quand des militants sont pourchassés et exécutés parfois par l’armée israélienne et d’autres fois par les forces de sécurité de l’autorité palestinienne.

A ceux qui se posent la question de l’alternative, il faut leur dire qu’ils doivent prendre en compte cette réalité-là et soutenir la résistance du peuple palestinien et ses revendications les plus élémentaires à vivre libre sur sa terre et à y retourner. Il faut dire en outre au mouvement de solidarité que la Palestine ne se résume pas à la Cisjordanie, Gaza et Jérusalem Est. La Palestine s’étend de la mer méditerranée au fleuve du Jourdain. La Palestine, c’est la Galilée, c’est Akka, Haïfa, Jaffa, Tibériade, Safad, Saffouriya, c’est Bir El Sabe’, c’est le désert du Naqab, et aussi et surtout c’est sa capitale Al Qods, dans son entière totalité.

Voilà ce qu’est la Palestine et nous Palestiniens, nous revendiquons notre terre historique et nous revendiquons le droit au retour sur cette terre et nous revendiquons le droit d’y établir un seul Etat démocratique : la Palestine. Pour faire court, Libération et Retour, voilà les mots-clés du mouvement national palestinien de libération, tels qu’ils ont été inscrits dans la charte nationale palestinienne de 1968.

Pour conclure :

Les raisons qui ont conduit Israël à mener des guerres contre le Liban en juillet-août 2006 et contre Gaza il y a un an, sont toujours présentes, à savoir la résistance émanant d’organisations ou du peuple tout simplement. L’Etat colonial d’Israël et ses alliés, dont les Etats-Unis, la France et la Grande Bretagne, ne peuvent supporter cette résistance, même à travers un seul Kalachnikof. En attestent les dernières déclarations de Bernard Kouchner, ministre français des Affaires Etrangères, qui déclarait lors de sa réception du Premier ministre libanais, que le danger pour le Liban venait du Hezbollah et non d’Israël, qui avait détruit le Liban en 2006.

Il est clair qu’Israël prépare une nouvelle guerre contre le Liban, et le Hezbollah en particulier, et qu’il va accentuer sa guerre contre le peuple palestinien à Gaza et ailleurs, parce qu’il n’a pas atteint ses objectifs dans les guerres précédentes.

Dans ce contexte, nous devons, en tant que mouvement de solidarité, nous organiser dans la perspective de nouvelles guerres, et surtout ne plus fermer les yeux sur le rôle de l’autorité palestinienne et de ses responsables, lesquels ne méritent que d’être jugés pour leurs agissements, en leur qualité de collaborateurs de la puissance occupante.

Oui il faut les juger car si nous sommes cohérents avec nous même et avec ce que nous déclarons au sein du mouvement de solidarité quand nous condamnons Israël pour le blocus, ses crimes de guerres et quand nous parlons du rapport Goldstone, il faut au même titre condamner les responsables de l’autorité qui approuvent le MUR du blocus meurtrier que construit l’Egypte et qui de fait inflige une punition collective à près d’un million et demi de personnes ce qui constitue aussi un crime de guerre.

Oui il faut les juger quand Abbas envoie ses forces de sécurité pourchasser et abattre les résistants palestiniens.

Oui il faut les juger quand l’autorité non seulement ne veut pas présenter le rapport Goldstone aux instances internationales sur ordres entre autres des Etats-Unis et quand cette même autorité ne mène aucune enquête concernant la guerre contre Gaza comme la reconnu Ban Ki Moon – le secrétaire général des Nations-Unis – Tout cela pour ne pas gêner la puissance coloniale et ne jamais traduire les responsables israéliens devant des tribunaux.

Le mouvement de solidarité doit prendre en compte cette situation et déterminer clairement sa position, car le peuple palestinien en paie tous les jours le prix. La solidarité avec le peuple palestinien ne peut admettre le maintien d’une entité coloniale aux côtés de la Palestine, ni cautionner une autorité de collaboration, qui doit être dénoncée et condamnée en tant que telle.

Walid Atallah :

Membre de l’association des Palestiniens en France AL JALIYA

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