"O groupe de musulmans ! Qui m’excusera (si je punis) un homme dont le mal a atteint ma femme ?

samedi 8 mars 2008

A'icha, la femme du Prophète, (qu'Allah soit satisfait d'elle) a dit: Quand l'Envoyé d'Allah (pbAsl) voulait faire un voyage (ou une expédition), il faisait un tirage au sort entre ses femmes pour désigner celles qui l'accompagneraient. Lors d'une des expéditions qu'il entreprit, il procéda au tirage au sort et c'était moi que le sort avait désignée. Je partis donc avec l'Envoyé d'Allah (pbAsl). C'était postérieurement à la révélation du verset relatif à la prescription du voile et j'étais toujours dans mon palanquin, même lorsqu'on le descendait du dos du chameau. Quand l'Envoyé d'Allah (pbAsl) eut terminé cette expédition, nous prîmes le chemin de retour. Comme on était près de Médine lors du retour, le Prophète ordonna une nuit de se mettre en marche. A l'instant où l'ordre de marche était donné, je me levai et marchai jusqu'à ce que j'eusse dépassé les troupes pour satisfaire un besoin et en retournant, je me dirigeai vers ma monture. Comme je portai la main au cou, je me rendis compte que j'avais perdu mon collier de verroteries fabriqué à Zafâr. Je retournai pour rechercher mon collier et le désir de le retrouver me retint sur place. Les gens qui étaient chargés de ma monture soulevèrent mon palanquin et le chargèrent sur mon chameau, croyant que j'étais dedans. En effet, à cette époque les femmes étaient de poids légers; elles n'étaient pas encore devenues obèses, car elles ne mangeaient que peu. Aussi les gens ne trouvèrent-ils pas insolite la légèreté du palanquin lorsqu'ils le soulevèrent, d'autant plus que j'étais une toute jeune femme. Ils firent alors relever le chameau et partirent. Quand je trouvai mon collier, les troupes étaient déjà en marche. Je me rendis au camp où il n'y avait plus personne, j'allai alors droit à l'endroit où j'avais été installée pensant qu'en s'apercevant de ma disparition on reviendrait me chercher. Pendant que j'étais assise en cet endroit, je fus gagné par le sommeil et je m'endormis. Or Safwân ibn Al-Muattal As-Sulamî Adh-Dhakwânî, qui était resté en arrière des troupes, après avoir marché toute la nuit, arriva le matin à l’endroit où j’étais. Apercevant la silhouette d’une personne endormie, il s’approcha de moi et me reconnut quand il me vit, car il m’avait vue avant que le port du voile n’eût été ordonné par le Coran et il dit : "Nous sommes à Allah et nous retournerons à Lui". Sa voix m’éveilla et je me levai, cachant mon visage avec mon voile. Par Allah, il ne prononça aucun mot autre que ceux qu’il avait prononcés à ma vue. Il fit ensuite agenouiller sa monture et lui foula les pattes de devant pour que je monte sur laquelle. Il tint son licou pour le mener et nous arrivâmes ainsi auprès des troupes qui venaient de camper au moment de la canicule de midi. A’icha poursuivit: Des gens m'avaient calomnié (en m'accusant d'adultère) et parmi eux étaitAbd-Allah ibn ’Ubayy ibn Salûl qui s’était chargé de la plus lourde part de la calomnie. Quand nous arrivâmes à Médine, je suis tombé malade pendant un mois, et c’est à ce moment que les gens répandaient les propos des calomniateurs, sans que j’en eusse pas au courant. Ce qui m’étonnait, durant ma maladie, c’est que je ne trouvais pas l’Envoyé d’Allah (pbAsl) aussi aimable avec moi qu’il l’était d’ordinaire quand je tombais malade. L’Envoyé d’Allah (pbAsl) entrait seulement chez moi, me saluait et me disait : "Comment allez-vous ?". Cela me donnait des inquiétudes, mais je ne sus la fâcheuse nouvelle que lors de ma sortie après le rétablissement de ma santé. J’étais sortie avec ’Umm Mistah pour aller du côté d’Al-Manâsi, qui nous servait de latrines. Nous n'y allions que de nuit. C'était avant que nous eussions des latrines à proximité de nos maisons. Nous suivions la coutume des anciens Arabes qui allaient satisfaire leurs besoins naturels dans des terrains vagues et, tout comme eux, nous répugnons à avoir les latrines près de nos demeures à cause de leur mauvaise odeur. Je partis donc en compagnie de 'Umm Mistah qui était la fille de 'Abû Ruhm ibn Al-Muttalib ibnAbd-Manâf ; sa mère, bint Sakhr ibn Amir était la tante maternelle de 'Abû Bakr As-Siddîq et son fils était Mistah ibn 'Uthâtha ibnAbbâd ibn Al-Muttalib. Après avoir satisfait nos besoins, nous revenions, la fille de ’Abû Ruhm et moi, vers la maison et comme ’Umm Mistah trébucha sur le pan de son vêtement, elle s’écria : "Que Mistah Périsse !". - "Fi ! Que c’est mal, lui dis-je, d’injurier un homme qui a pris part au combat de Badr". - "Hé ! ma chère, me répondit-elle n’as-tu pas entendu ce qu’il avait dit ?". - "Et qu’est ce qu’il a dit ?", demandai-je. Aussitôt elle me raconta ce que disaient les calomniateurs. Je devins alors plus malade et, quand je rentra chez moi, l’Envoyé d’Allah (pbAsl) vint me rendre visite, il me salua, puis dit : "Comment allez-vous ?". - "Me permets-tu, lui demandai-je alors, de me rendre chez mes parents ?". Je voulais à ce moment-là m’assurer auprès d’eux de la nouvelle. l’Envoyé d’Allah (pbAsl) m’accorda cette permission et je me rendis chez mes parents. - "Chère maman, dis-je à ma mère, que racontent donc les gens ?". - "ma fille, me répondit-elle, ne t’en fais pas. Il est bien rare qu’une jolie femme aimée de son mari et ayant des coépouses ne soit pas l’objet de leurs commérages". - "Gloire à Allah !, m’écriai-je, les gens ont-ils échangé de tels propos !". Et je passai toute la nuit à pleurer au point que je ne goûtai pas un seul instant de sommeil jusqu’au matin que je passai également à pleurer. L’Envoyé d’Allah, voyant que la révélation avait tardé à venir à ce sujet, manda Alî ibn 'Abî Tâlib et 'Usâma ibn Zayd pour leur demander s'il devait se séparer de moi. 'Usâma ibn Zayd, étant sûr que j'étais innocente et sachant l'affection que le Prophète avait pour moi, dit à l'Envoyé d'Allah (pbAsl): "Garde ta femme nous ne savons que du bien d'elle". Quant àAlî ibn ’Abû Tâlib il dit : "O Envoyé d’Allah, Allah ne t’a pas mis trop à l’étroit. Il y a beaucoup d’autres femmes. Interroge sa suivante, elle te dira la vérité". L’Envoyé d’Allah manda alors à Barîra et lui dit : "O Barîra, as-tu vu de A'icha quelque chose qui suscite en toi le soupçon?". - "Non, répondit Barîra, j'en jure par Celui qui t'a envoyé par la Vérité, je ne l’ai rien vu faire d’acte répréhensible, sinon qu'étant une toute jeune femme il lui arrive parfois de s'endormir auprès de la pâte à pain de la famille la laissant ainsi manger par les animaux domestiques". L'Envoyé d'Allah (pbAsl) se leva et résolut de demander ce jour-là une justification àAbd-Allah ibn ’Ubayy ibn Salûl. Montant alors en chaire, le Prophète (pbAsl) dit : "O groupe de musulmans ! Qui m’excusera (si je punis) un homme dont le mal a atteint ma femme ? Par Dieu ! Je ne sais que du bien sur le compte de ma femme, et l’on me parle d’un homme sur le compte duquel je ne sais que du bien et qui n’est jamais entré chez ma femme autrement qu’avec moi". Alors Sad ibn Muâdh Al-’Ansârî se leva et dit : "O Envoyé d’Allah, moi, je t’excuserai et s’il appartient à la tribu des ’Aws, nous lui trancherons la tête ; si c’est un de nos frères de la tribu des Khazraj, ordonne ce que tu voudras et nous le ferons". A ces mots, Sad ibnUbâda le chef des Khazraj, qui était un homme vertueux, mais dont le zèle tribal plongeait dans l’ignorance, se leva et s’adressa à Sad ibn Muâdh en disant : "Tu as menti ; et j’en jure par Allah que tu ne le tueras pas et que tu ne peux pas le faire". A son tour, ’Usayd ibn Hudayr, le cousin de Sad ibn Muâdh, se leva et, s’adressant à Sad ibnUbâda en disant : "Tu as menti. Par Allah nous le tuerons ; car toi tu n’es qu’un hypocrite qui plaide la cause des hypocrites". Les deux tribus des ’Aws et des Khazraj furent si excitées, qu’elles furent sur le point de se combattre, alors que l’Envoyé d’Allah (pbAsl) était encore en chaire. L’Envoyé d’Allah (pbAsl) ne cessa de les apaiser jusqu’à ce qu’ils gardèrent le silence et alors il se tut. Tout ce jour-là, je le passai en larmes et je n’y goûtai aucun instant de sommeil. La nuit suivante, je la passai également dans cet état à tel point que mes parents crurent que mes larmes me briseraient le cœur. Pendant qu’ils étaient assis auprès de moi et alors que j’étais encore en larmes, une femme des ’Ansâr demanda de me voir. Je la fis entrer chez moi, elle s’assit et commença à pleurer à son tour. Nous étions dans cet état lorsque l’Envoyé d’Allah (pbAsl) entra, salua, puis s’assit. Il ne s’était plus assis auprès de moi depuis qu’on avait colporté des propos sur mon compte et cela avait duré un mois sans qu’aucune révélation ne se fût produite à mon sujet. En s’asseyant, l’Envoyé d’Allah (pbAsl) prononça l’attestation de foi, puis dit : "O A'icha! Il m'est parvenu telle et telle chose sur ton compte; si tu es innocente, Allah t'innocentera; si tu as commis quelque faute, demande pardon à Allah et repens-toi, car quand le Serviteur reconnaît ses péchés et se repent, Allah accepte son repentir". A peine l'Envoyé d'Allah (pbAsl) eut-il achevé ces paroles, que mes larmes cessèrent de couler et je ne versai plus un seul pleur. M'adressant à mon père, je le priai de répondre à l'Envoyé d'Allah (pbAsl). - "Par Allah!, me répondit-il, je ne sais pas que dire à l'Envoyé d'Allah (pbAsl)". Alors, me tournant vers ma mère, je la priai de répondre à l'Envoyé d'Allah (pbAsl). - "Par Allah, répondit-elle, je ne sais pas que dire à l'Envoyé d'Allah (pbAsl)". Je répliquai alors que j'étais encore très jeune et que je ne retenais pas beaucoup du Coran: "Par Dieu, je sais que vous avez entendu raconter cette histoire (à mon sujet), qu'elle s'est gravée en vous-même et que vous y avez ajouté foi. Si je vous dis que je suis innocente - et Allah sait que je le suis - vous ne me croirez pas; mais si j'avoue que j'ai commis un tel péché - et Allah sait que je suis innocente - vous me croirez. Par Dieu! Je n'ai à dire de ma situation que ces paroles du père de Joseph: (Il ne me reste plus donc) qu'une belle patience! C'est Allah qu'il faut appeler au secours contre ce que vous racontez! - "Cela dit, je me retournai et m'étendis sur mon lit. A ce moment, par Allah, je savais que j'étais innocente et qu'Allah m'innocentera; mais, par Allah! Je n'aurais jamais cru qu'Allah ferait descendre à mon sujet une révélation. Il me semblait que j'étais trop insignifiante, pour qu'Allah révélât des versets à mon égard. Cependant, j'avais espéré, que l'Envoyé d'Allah (pbAsl) verrait pendant son sommeil une vision dans laquelle Allah me déclarait innocente. Par Allah! L'Envoyé d'Allah (pbAsl) ne sortit pas non plus que personne des gens de la maison, avant d'avoir reçu la révélation et d'avoir été saisi de l'état (de fatigue) qui accompagnait toute révélation; même dans un jour d'hiver, les gouttes de sueur tombaient en abondance et étaient si grosses que les perles, tant est lourd le fardeau de la Parole divine quand elle descend. Dès que cet état eut quitté l'Envoyé d'Allah (pbAsl), il se montra souriant et les premières paroles qu'il prononça furent celles-ci: "Réjouis-toi,A’icha quant à Allah, Il te déclare innocente". - "Va vers lui", me dit alors ma mère. - "Par Allah ! répondis-je, je n’irai pas à lui et c’est Allah Seul que je dois louer, c’est Lui qui a déclaré mon innocence". Allah, ajoute A'icha révéla les dix versets qui commencent ainsi: Ceux qui sont venus avec la calomnie sont un groupe d'entre vous. Quand Allah eut révélé ceci pour déclarer mon innocence, 'Abû Bakr As-Siddîq qui donnait des subsides à Mistah parce que celui-ci était de ses parents et était pauvre, dit: "Par Allah! Je ne lui donnerai plus jamais aucun subside après ce qu'il a dit deA’icha". C’était alors qu’Allah révéla ce verset Et que les détenteurs de richesse et d’aisance parmi vous, ne jurent pas de ne plus faire des dons aux proches.... N’aimez-vous pas qu’Allah vous pardonne ? D’après Habân ibn Mûsa, Abd-Allah ibn Al-Mubârak a dit: "Ce verset du Livre d’Allah est le plus qui donne de l’espoir". 'Abû Bakr a dit: "Certes, je désire qu'Allah me pardonne". Et il renouvela à Mistah la pension qu'il lui faisait et affirma qu'il ne la lui supprimerait jamais.A’icha poursuit : l’Envoyé d’Allah (pbAsl) avait interrogé à mon sujet Zaynab bint Jahch, une des femmes de l’Envoyé d’Allah (pbAsl) et lui dit : "O Zaynab que sais-tu (de ce sujet) et qu’as-tu vu ?". - "O Envoyé d’Allah, répondit-elle, je garde mon ouïe et ma vue du péché (c-.à.d. je ne dirai que ce que j’ai vu et entendu). Je ne sais que du bien (d’elle)". Or Zaynab était la seule parmi les femmes de l’Envoyé d’Allah (pbAsl), qui rivalisait avec moi de beauté et de rang, mais Allah la préserva (de mentir à mon sujet) à cause de sa piété. Quant à sa sœur Hamna bint Jahch, elle soutint les propos des calomniateurs, voulant ainsi débarrasser sa sœur de sa rivale, aussi périt-elle avec les calomniateurs.

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