Les différentes positions doctrinales concernant les Attributs d’Allah dans le Coran et la Sunna (3ème Partie)

La position des générations suivantes au sujet des versets et ahâdîth relatifs aux attributs d’Allah

Je t’ai déjà précisé que les salafs (premières générations), qu’Allah soit satisfait d’eux, croyaient aux versets et ahâdîth relatifs aux attributs d’Allah - Exalté soit-Il - tels qu’ils leur ont été révélés et laissaient l’explication de leur sens à Allah - Exalté soit-Il -, tout en croyant qu’Il - Exalté soit-Il - est trop sublime pour ressembler à l’une de Ses créatures.

mardi 20 septembre 2011

Les générations suivantes, en revanche, ont dit : « Nous affirmons catégoriquement que les mots de ces versets et ahâdîth ne devraient pas être pris au sens littéral mais qu’ils devraient être compris comme des métaphores dont l’interprétation ne peut pas nuire. » Ainsi, ils furent enclins à interpréter "la face" comme signifiant "l’essence/l’être", "la main" comme "l’habilité" etc. afin d’éviter tout risque de comparer Allah - Exalté soit-Il - à Ses créatures. Voici quelques unes de leurs paroles à ce sujet :

1) Abu al-Faraj Ibn al-Jawzi, le Hanbalite, mentionne dans son livre Daf’ shubhat at-Tashbih : (réfutation de la conception erronée constituant à comparer Allah à Ses créatures) qu’Allah - Exalté soit-Il - a dit :

« [Seule] subsistera La Face [wajh] de ton Seigneur, pleine de majesté et de noblesse.  »
(Sourate ar-Rahmân (55), aya 27)

Les exégètes ont expliqué que c’est Allah - Exalté soit-Il - Lui-même Qui subsistera (éternellement).

Les exégètes ont également dit au sujet du verset :

« Et ne repousse pas ceux qui, matin et soir, implorent leur Seigneur, cherchant Sa Face [wajh]  » (Sourate al-An’âm (6), aya 52)

que la "face" dans ce verset fait référence à Allah - Exalté soit-Il - Lui-même.

Al-Dahhaq et Abu Ubaida ont dit au sujet de :

«  Tout doit périr, sauf Sa Face [wajh] » (Sourate al-Qasas (28), aya 88)

que la "face" ici signifie également Allah - Exalté soit-Il - Lui-même.

Ibn al-Jawzi a inclus un chapitre au début du livre susmentionné dans lequel il répond à ceux qui disent que la position des premières générations était de prendre ces versets et ahâdîth au sens littéral. Le résumé de ce qu’il y dit est que prendre ces versets et ahâdîth littéralement conduit à l’anthropomorphisme et à comparer Allah - Exalté soit-Il - à Ses créatures, car le sens littéral d’un mot désigne ce pour quoi il est utilisé depuis toujours. Par conséquent, le seul sens [littéral] du mot “main” est la main véritable et il en est de même [pour les autres versets similaires]. Cependant, la position des premières générations n’était pas d’interpréter ces mots littéralement, mais de s’abstenir totalement de s’interroger à leur sujet.

Ibn al-Jawzi a également soutenu que les termes âyât sifât et ahâdîth sifât (versets des attributs et ahâdîth des attributs) étaient des innovations car ils n’apparaissent ni dans le Qur’an ni dans la Sunna (Tradition du Prophète), et les appeler ainsi est inexact car ils ne sont que de simples formes possessives. Il a appuyé son argument par nombre de preuves que nous n’avons malheureusement pas la place de mentionner ici.

2) Fakhr ad-Dîn ar-Râzi déclare dans son ‘Asâs al-Taqdîs’ :

« Sache que le texte du Qu’ran ne doit pas être compris littéralement pour un certain nombre de raisons :

a) Le sens littéral de la parole d’Allah - Exalté soit-Il - dans le saint Qur’an :

«  …afin que tu sois élevé sur Mon œil [3alâ 3aynî]. » (Sourate Taha (20), aya 39)

car compris de cette manière, le verset signifierait que Musa, que la paix soit sur lui, "se tient sur cet œil", qu’il est "collé à lui", et cela est quelque chose qu’aucune personne sensée ne peut soutenir.

b) La parole d’Allah - Exalté soit-Il - :

«  Construis l’arche par Nos yeux [bi a3yunina]. » (Sourate Houd (11), aya 37)

(prise littéralement) signifierait que l’instrument utilisé pour construire l’arche est cet œil.

(La structure arabe "bi a’yumina" est une structure elliptique qui signifie "sous notre supervision".)

c) Attribuer plus de deux yeux à un visage est répréhensible. Par conséquent il y a nécessairement besoin d’une interprétation métaphorique, et cette expression devrait être prise dans le sens "avec un grand soin et sous la supervision". »

3) Dans le premier chapitre de son livre « La Revivification des Sciences de la Religion », l’imam al-Ghazali dit en discutant des expressions métaphoriques et de leur interprétation :

« Le troisième type est celui des choses qui, si elles sont dites explicitement, sont aisément comprises sans la moindre difficulté, mais elles sont en fait utilisées métaphoriquement ou sémiotiquement dans le but de créer une forte impression sur l’esprit de l’auditeur, comme la parole du Prophète - que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui - :

« La mosquée se contracte au contact des glaires comme la peau se contracte au contact du feu. »

Le sens est que, au vu de l’esprit de la mosquée et de son noble statut, cracher dedans équivaut à la mépriser, et contrevient à son caractère sacré de la même façon que le feu affecte la peau. Il va sans dire que l’espace de la mosquée ne se contracte pas littéralement à cause du crachat.

La même chose s’applique à la parole du Prophète - que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui - :

«  Celui qui lève sa tête avant l’imam n’a-t-il pas peur qu’Allah change sa tête en celle d’un âne ?  »

Si on la prend dans le sens littéral, ceci ne s’est jamais produit et ne peut pas se produire. Mais comprise comme une métaphore, cela est possible parce que ce qui est visé par là n’est pas la tête d’un âne dans sa forme réelle, mais sa caractéristique qui est la stupidité. Ainsi, quiconque lève sa tête avant l’Imam, sa tête est comparable à celle de l’âne en terme de stupidité. Cette signification métaphorique est celle qui est visée, pas la signification littérale.

Le sens d’une expression peut être compris métaphoriquement soit sur des bases rationnelles, soit sur la base d’une preuve tirée de la sharî’a. La raison rationnelle est que le sens littéral soit improbable, comme par exemple dans le cas de la parole du Prophète - que la paix et la bénédiction d’Allah soient sur lui - :

« Le coeur du croyant est entre deux des doigts du Tout Miséricordieux.  »

Bien évidement, si nous regardions à l’intérieur du corps des croyants, nous n’y trouverions pas le moindre doigt. Par conséquent, on devrait comprendre ceci comme une métaphore de la puissance qui est "le secret des doigts et son âme cachée". Les doigts sont utilisés métaphoriquement en référence à la puissance car cela produit une forte impression dans l’explication du pouvoir absolu. »

L’Imam al-Ghazali revient sur ce point dans une autre partie de son livre, mais ce que nous avons mentionné devrait suffire.

Ainsi, tu as clairement vu les approches des premières et des dernières générations de savants. Ces deux approches ont provoqué des controverses sérieuses entre les grands théologiens musulmans, et chaque parti a appuyé sa position par des arguments et des preuves. En fait, si tu examines la question attentivement, tu réaliseras que la différence entre les deux approches aurait été insignifiante si les deux camps s’étaient abstenus d’adopter une position extrémiste. Prendre en considération cette question, bien que cela puisse s’avérer long, n’aboutira qu’à une seule conclusion, qui est que le problème devrait tout simplement être remis entre les mains d’Allah, - Exalté soit-Il. Essayons maintenant d’expliquer ce point en détail, avec l’aide d’Allah - Exalté soit-Il.

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